REVUE BIMESTRIELLE /  Sciences Humaines  & Philosophie pour tous!                       

   Expressions    Libres

                                    Numéro 5 /  novembre/décembre2002

                                          Edition du  27 Novembre 2002

version française/ International version             Edition actualisée le  :  27/12/02 11:45

__________________________________________________________________________________________________________________________

 Numéro 5  Novembre-Décembre 2002

                                                                                               A  CIEL  OUVERT ...

     Ce nouveau Numéro de la Revue Expressions-libres est ,cette fois-ci, ouvert à plusieurs contributeurs: F.Combelle,P.Cardinali,à propos de l'enseignement du  fait religieux à l'Ecole dont le débat ne fait que commencerNous souhaitons vivement continuer cette expérience...

A ciel ouvert,ce numéro 5 comme métaphore  d'un lieu  de débats et d'échanges qui n'est pas "fermée par le haut " qui avance "sans se cacher " ouvertement; A Ciel ouvert,c'est aussi dans ce contexte particulier du retour du Religieux  dans le Monde ou la société actuelle que je ne saurai situer volontairement(  le retour du refoulé ?me souffle-t-on)  est en train de réaliser la prophétie de Malraux sur le XXI ème siècle dont s'est peut-être inspiré S.Huntington dans sa vision trompeuse d'un monde  dominé par des aires culturelles conflictuelles entre-elles ,un retour en arrière  sur sa propre histoire,sa propre mémoire , mais pour aller vers  quoi ?Ceux qui scrutaient le ciel  avec leurs lunettes au XVIème  ont battu en brêche les théories aristotéliciennes et ptoléméennes d'un monde clos,fini et géocentré,  que défendaitL'Eglise, ceux qui au XIXè ont osé élever les droits de l'homme se sont heurtés à une Eglise qui a refusé  de les admettre ,les a combattu par hostilité primaire parce qu'il n'y avait que des droits de Dieu! Quant à la question sociale,  ses tergiversations puis son action caricative n'ont fait qu'occulter les vraies raisons aux profondes inégalités sociales et à la spolation économique des classes laborieuses.L'Eglise a  constitué un puissant pouvoir, s'est trompée ,a résisté mais a toujours fini par se ranger du côté des puissants,des dominants.Je parle bien d'Eglises,je ne parle pas de croyances.Pour ces dernières la tolérance s'impose,pour ces premières la vigilance est de rigueur.

En  Europe,la laicisation et la sécularisation de la société sont récentes quand on parcourt les siècles et les siècles de christianisation.Malgré le paganisme nazi ,malgré une émancipation par égalité juridique obtenue au XIXème siècle et une intégration,rien a empêché le  génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale parce que l'antijudaïsme  constituait le substrat  de la culture chrétienne européenne.S'il n' y avait eu cet antijudaïsme systématique depuis l'Antiquité,l n'y aurait pas eu d'antisémitisme moderne à l'ére industrielle,l'ère des masses.Et quand on jette un regard sur la  carte du monde actuel ,le poids des religions pèse en core lourdement en Asie,en Afrique, en Amérique ... Donc où se trouve le vrai problème ? Est-ce notre prétendue acculturation religieuse ? Ou bien est-ce l'instrumentalisation religieuse à d'autres fins ?

J'en terminerais là pour une courte introduction qui explique le titre de ce numéro. A mes yeux,ce retour du Religieux  ou du discours autour du religieux  est  le signe  manifeste d'une absence de repères,d'une perte de sens que récupèrent  les tenants d'un ordre et d'un pouvoir qui a  tiré son autorité ( auctoritas)du 'surnaturel " ce qui est inouï à penser qui a toujours conforté les pouvoirs  en place( potestas) et qui ont eux mêmes crée les premisses  économique,sociale et politique de ce "ré-enchantement " tombé du Ciel en plein contexte de terrorisme islamique , de croisade américaine et plus largement de mondialisation déstabilisante sur le plan géopolitique. Quelle réponse offre les Eglises à ce monde incertain  ?Ce lui de la tradition ?Restaurer la confiance en revenant en arrière!Une idéologie bien post-communiste? Un millénarisme? Impossible à penser à un autre moment de l'histoire de nos sociétés que celui-là? Non, pas vraiment.Au tournant du siècle dernier, il y eut le même effet et peut-être pour les mêmes causes.En France,par exemple, le début du XXè siècle a connu lui aussi une crise de valeur, un  "rejet du scientisme " ,un rejet du positivisme,sur fond d' essoufflement  économique  après la surchauffe de la seconde industrialisation,d' insécurité sociale avec un fort chômage.Ce retour du religieux par défaut et par force des habitudes à se refugier  dans de rassurantes idéologies  à prétention explicative de l'homme et du monde, accompagnait un  retour au traditionnalisme bientôt dépassé par la naissance théorique et organisée d'une  extrême-droite par les voix de Maurras et de l'Action française, d'une droitisation des intellectuels d'une manière générale,en témoignent  les conversions de Péguy et  l'agitation du Quartier-Latin...Ô,L'histoire se répète-t-elle ?Du moins l'histoire des hommes et de la pensée connaît -elle des cycles qu'on peut apparenter.

Le sommaire,ci-dessous, vous donne le contenu de ce nouveau numéro,en  souhaitant une bonne lecture à tous!

        NadiaBurgrave@expressions-libres.org


 

SOMMAIRE  DU NUMERO  5

 L'invisible Bulle Bleue

  Debat : Politique ,Arts & Religion 

  Questions médiatiques: 

  Questions Internationales : 

  SupplEments de la Revue :

 Archives de la Revue :


L'INVISIBLE BULLE BLEUE ...

Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves...William Shakespeare


Bulle Bleue nébuleuse 5 années lumière de diamètre.jpg (2761 octets)

 Qu'est-ce qu'une bulle Bleue ? Et une éclipse lunaire?Pourquoi le centre de M 94 est-il aussi brillant ?

Réponse >>>>L'actualité de l'astronomie : Ciels des Hommes 

  Livre Récent :

 
 Audelà du visible,de l'atome à l'infini,Phaidon,2002.(Collectif)Progrès de l'imagerie scientifique qui fournit des représentations entièrement nouvelles de l'Univers,de l'infiniment petit à l'infiniment grand.Passionant ...

 Où commander Livres,Lunettes & cartes du ciel ?>>>Librairie scientifique Uranie

Dans  le Golfe du Morbihan, la librairie URANIE, spécialisée en Astronomie, Sciences de la Terre et Histoire des Sciences vous propose tous les livres consacrés à l'astronomie en français. URANIE est importateur exclusif pour la France des Astrolabes et Cadrans Solaires fabriqués par Martin Brunold, ainsi que sphères armillaires, globes célestes et terrestre, sabliers, etc.

Le Guide du Ciel
Le site officiel du fameux guide de Guillaume Cannat. Remis à jour chaque année, c'est l'indispensable bible de l'amateur passionné, comme du simple curieux du ciel. Mise à jour hebdomadaire, nombreuses ressources en ligne. Un must.

Conférence :  

    Vie & Mort des Etoiles , de Michel Cassé.(astrophysicien)  Ses travaux sont mondialement connus ( lire sa biographie avant la conférence).L'un des rares astrophysiciens à faire de la poésie...
 Contributions :

Qu'est-ce que l'Univers ? Les grandes questions de la cosmologie : le Big bang, l'histoire de nos origines, les trous noirs, l'exploration des planètes, ce qu'est une étoile, l'homme dans l'espace.
L'Université de tous les savoirs : une approche contemporaine des différents domaines de la connaissance dans un esprit qui est à la fois celui du bilan encyclopédique et celui du questionnement d'avenir.Contributions notamment de Jean Audouze, Thibault Damour, André Brahic, Michel Cassé, Hubert Reeves, Laurent Vigroux

 

Film  emblématique:

 2001,Odyssée de L'Espace  de S.Kubrick ( 1968)

Une analyse   peu banale:    Le Nietzshéisme de  Stanley Kubrick ? par X.Remy et D.Coujard.

2001:l'Odyssée de l'espace  de Stanley Kubrick est à la fois un film de science-fiction et un conte philosophique. Il a l'ambition de donner une explication à toute l'histoire de l'humanité (" D'où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous "?). Lors de sa sortie en 1968 les élèves de terminale en discutaient pendant des heures dans les cours de philosophie comme aujourd'hui lorsqu'on le projette ...L'interrogation principale porte toujours sur la nature du  monolithe noir ? Que symbolise-t-il ? Au-delà de cette métaphore,le film de Kubrick fait-il une apologie de La Religion ? >>> Réponse de  X.Remy & D.Coujard ...

--------------------------------------

Débat dans la Cité:

 Séminaire :Sciences,Techniques et Démocratie ( Cité des Sciences )

Les enjeux actuels portent sur la possibilité de contrôle par le Citoyen des choix scientifiques et techniques décidés par  diverses institutions publiques et privées.Cependant peut-on espérer que cette démocratisation sera absente de toute subjectivité et dénuée de  tout intérêt commercial ?la question se pose quand dans l'actuel débat sur le clonage ,les enjeux et les risques ne sont pas toujours perçus  faute d'informations et de formations:

Info :Traitement du sida, gestion des déchets radioactifs, « vache folle »,
organismes génétiquement modifiés, clonage, réchauffement
climatique,…
A travers crises et controverses, la société civile s’inquiète,
s’exprime, s’investit. La mise en œuvre de nouvelles techniques
issues de la recherche fait apparaître des risques et
des incertitudes, suscite des espérances et des craintes,
appelle des choix dont on sent qu’ils engagent notre monde
commun, notre vie, nos relations, notre milieu, et ceux que
nous laisserons aux générations à venir. Du coup, émerge
l’exigence de nouvelles relations entre les pouvoirs de décision,
les experts et les simples citoyens. Pourquoi, aujourd'hui,
les questions scientifiques et techniques appellent-elles
de nouvelles formes de délibération ? En quoi faut-il enrichir
les procédures démocratiques pour impliquer la société civile ?
Telles sont les questions abordées dans ce séminaire.

>>> Cité des Sciences 

--------------------------------

Etat de la question :  Hors série n°1,octobre2002 de la Revue Respublica " Bioéthique & éthique médicale"

Euthanasie, avortement, greffe d'organes, clonage, eugénisme, arrêt Perruche, brevets sur le vivant...

En 1999, les lois dites " bioéthiques " de 1994 en France devaient être révisées. C'est seulement au début de cette année que l'Assemblée nationale a examiné le projet de loi déposé en juin 2001.
Dans les discussions relatives aux lois bioéthiques, le clonage, et notamment la perspective du clonage humain, a une place de choix. La question de l'eugénisme a aussi été mise en avant dans les débats animant la société française, avec l'affaire de l'arrêt " Perruche ". L'euthanasie fait également débat : interdite en France, et partiellement légalisée en Belgique et aux Pays-Bas, plus de 80% des Français y seraient favorables dans des conditions bien particulières (maladie incurable, douleurs insupportables et demande expresse du patient) . D'autres pratiques sont moins médiatisées, peut-être parce qu'elles semblent faire moins problème, comme l'avortement - souvent considéré comme une conquête de la libération des femmes -, ou le don d'organes - dont on parle surtout sous l'angle de la pénurie des organes.
Nous avons choisi de traiter de ces différentes pratiques potentielles ou effectives, relevant de la bioéthique et de l'éthique médicale, dans un numéro hors série réunissant des chercheurs de différents horizons : philosophie, sociologie, droit, médecine, biologie, histoire. Outre l'eugénisme, le clonage, l'euthanasie, l'avortement, la greffe d'organes, ce numéro traite aussi de la question de la brevetabilité du vivant, et en particulier des gènes humains, ainsi que de questions plus générales comme la notion de personne humaine ou les rapports entre bioéthique, éthique médicale et biomorale.
Axel Kahn, Jacques Testart, Peter Sloterdijk, Pierre-André Taguieff, Dominique Lecourt, Monique Canto-Sperber, Pascal Nouvel, Robert Carvais, Nicolas Aumonier, Antoine Courban, Jean-Jacques Delfour et Maurice Cassier ont accepté de contribuer à ce numéro, que nous avons voulu à la fois accessible et rigoureux. C'est qu'à l'heure de la révision des lois bioéthiques en France, un tel numéro nous a paru nécessaire pour que les citoyens ne soient pas exclus des débats, et puissent avoir en main un aperçu synthétique des enjeux et des arguments et contre-arguments concernant les questions de bioéthique et d'éthique médicale, qui ne sauraient être confisquées par des " experts ". Derrière l'enjeu éthique et moral, c'est un problème politique qui se fait en effet jour, tant dans les décisions qui seront prises concernant ces questions, que dans les procédures décisionnaires. La science et la technique ne peuvent seules décider, et l'éthique ne doit pas masquer le fait que les enjeux sont, dans bien des cas, politiques. C'est de la démocratie dont il s'agit ici, et puisque nous sommes dans un pays où le peuple est censé avoir le pouvoir, il faut que les moyens de décider en connaissance de causes soient diffusés le plus largement possible.

>>>>David Simard ,revue Respublica 

 

<<<  retour au sommaire 

 


DEBAT: POLITIQUE & RELIGION

L'enseignement du fait religieux  dans l'Ecole laïque  ré-introduit dans les programmes  d'Histoire depuis 1996,toujours présent en philosophie et en lettres  a été déclaré par l'actuel Ministère de l'E.N,depuis septembre 2002 ( cf les déclarations de Luc Ferry dans le Figaro & la Croix )Grande Cause scolaire  à la suite du rapport  Debray.Ce rapport,pourtant, pose plus de questions que celui-ci n'est censé en résoudre. Bien que Regis Debray affirme  d'autorité dès la Préface que " l'opinion française,dans sa majorité,approuve l'idée de renforcer dans l'Ecole publique l'étude du religieux comme objet de culture " ,force est de constater qu'avec un postulat pareil,ce rapport tout en subtilité  ne peut aboutir qu'à sa conclusion attendue:la relégation du fait religieux hors l'Ecole,hors de la transmisson rationnelle " et publiquement contrôlée des connaissances favorise le fanatisme,l'ésotérisme et l'irrationnalisme"... Bien,! Il s'agit donc, d'enseigner les religions d'un point de vue critique et passer "d'une laïcité d'incompétence à une laïcité d'intelligence "... Et pourtant, c'est bien ce type d'enseignement que dispensaient dans leur immense majorité les professeurs d'Histoire et de philosophie avant ce rapport ! Alors que cache finalement cette nouvelle "mission" scolaire ?  Nadia Burgrave ( decembre 2002)

_________________________________________

>>>La Parole est donnée à Frédéric Combelle et à Philippe Cardinali.

Mapomme portrait de Frederic combelle couleur noir.jpg (9730 octets)

   La Parole à Frédéric Combelle, 

Professeur de sciences économiques et sociales ,Lycée Maurice Genevoix – 45140 Ingré

Une session de formation des enseignants dans l’académie de Clermont-Ferrand organisée par l’IUFM en collaboration avec l’Institut théologique d’Auvergne, suivie quelques jours plus tard d’un colloque national sur l’enseignement du fait religieux ont suscité récemment quelques remous. De la part d’un ministre-philosophe mondain dont les trois filles étudient dans l’enseignement privé catholique, il ne semble guère réaliste d’attendre qu’il s’oppose avec vigueur aux tentatives de groupes religieux institués de prendre pied dans l’école par le biais d’une formation des enseignants au “ fait de croyance ”, ou plus subtilement par son refus (une enseignante d’histoire-géo interrogée par Le Monde daté du 7 novembre 2002, p.12, raconte ainsi qu’“ exceptionnellement, des élèves ont pu me dire que je n’avais pas le droit de parler de l’islam ou que je n’avais pas le droit de toucher le Coran ”).

Mais la question de la laïcité de l’Etat ne touche pas seulement l’école, même si celle-ci est un lieu très sensible de cristallisation des oppositions. La récente sortie du Président Giscard d’Estaing (Le Monde, 9 novembre 2002, p. 2) sur le caractère inopportun d’une adhésion de la Turquie à l’UE en est peut-être la dernière illustration. On peut craindre que la critique d’un processus d’élargissement économique incontrôlé visant à la destruction de l’intégration politique ne soit que l’étui pénien, certes élégant, d’une “ Europe chrétienne ” assise sur l’autorité chancelante de la tradition. Par tradition politique, je suis plus sensible à la praxis qu’aux valeurs, et c’est ce qui fonde mon opposition à l’introduction d’une référence explicite aux “ valeurs chrétiennes ” dans les traités et conventions. Mais si l’on veut retoquer la Turquie au nom de valeurs de l’Europe (au sens où il existe un Institute for American Values) qui resteraient à définir, il vaudrait mieux le dire clairement et ouvrir un débat public à ce sujet.

Par cet exemple, je voudrais relever ce que le rapport si compliqué entre domaine politique et domaine religieux a de fondamentalement ethnocentrique. Ce n’est pas rabaisser la laïcité que de rappeler sa prétention universaliste à la particularité du cadre social qui a permis son émergence ; nous sommes en présence d’un problème propre à l’Occident, défini par Pierre Legendre comme “ civilisation du droit civil ”. Il ne s’agit pas pour moi de nier les rapports ambigus, voire antagonistes, qu’ont pu entretenir le religieux et le politique dans d’autres civilisation que la nôtre ; ce fait est par exemple établi pour l’islam de la fondation par Mohammed Arkoun dans la dernière livraison de la revue Cités (Mohammed Arkoun, “ Islam et démocratie. Quelle démocratie ? Quel islam ? ”, Cités n°12, Paris, PUF, 2002, pp. 81-99). Pour autant, le hau, ou “ force de la chose donnée ” si cher aux professeurs de sciences économiques et sociales (voir par exemple http://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/ses/reserve/default.htm) n’a que peu à voir avec l’administration des choses ou la libre discussion fondée sur la raison dont elles doivent faire l’objet.

  Il faut suivre ici Hannah Arendt lorsque, posant la question “ Qu’est-ce que l’autorité ? ”, elle remarque l’innovation majeure que constitue l’accent mis sur la fondation par les Romains : “ En opposition à la Grèce, où la piété dépendait de la présence révélée et immédiate des dieux, ici religion voulait dire littéralement re-ligare : être lié en arrière, obligé à l’effort énorme, presque surhumain et par conséquent toujours légendaire pour poser les fondations, édifier la pierre d’angle, fonder pour l’éternité. (…) Le pouvoir de la fondation elle-même était religieux, car la cité offrait aussi un foyer permanent aux dieux du peuple – autre différence avec la Grèce, dont les dieux protégeaient les cités des mortels et résidaient à l’occasion chez eux mais avaient leur propre séjour, loin des demeures des hommes, sur le mont Olympe ” (Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris, Gallimard, coll. “ Folio/essais ”, 1972, p.160).

Ainsi, pour les successeurs des Romains, croyance religieuse et croyance politique allaient-elles se trouver indissolublement liées. Ce lien ne tient pas à une prétendue mainmise de l’Eglise sur la conduite des monarchies de droit divin : les premiers chrétiens, sitôt qu’ils eurent rendu à César ce qui lui appartenait, professaient une doctrine strictement apolitique, et cela dura jusqu’à ce que l’effondrement de l’empire romain ne laisse un vide qu’il a bien fallu combler. Il tient à l’existence de normes, d’un ensemble de contraintes et de prohibitions qui règlent la conduite et l’action des membres d’une communauté, et au fait que ces normes sont le résultats de croyances. Marcel Gauchet, dans un article pour la revue Le Débat n°115 (mai-août 2001) repris dans La démocratie contre elle-même (Paris, Gallimard, coll. “ Tel ”, 2002, pp. 91-108), montre dans un style limpide la transformation de ces croyances qui allait aboutir au monde moderne. L’âge religieux était fondé sur la croyance en une norme transcendante, extérieure à l’homme (hétéronome) et s’appuyant sur l’autorité du passé. Si “ l’ordre hétéronome est foncièrement passéiste ”, c’est que “ l’extériorité métaphysique radicale du fondement implique l’antériorité temporelle du fondement. Nous ne sommes pour rien dans l’ordonnance du monde où nous vivons. Elle nous est essentiellement donnée et imposée par plus haut que nous. La supériorité de sa source se marque dans sa précédence par rapport à la volonté humaine. (…) Nous recevons l’ordre qui nous tient ensemble, et nous avons à le transmettre tel que nous l’avons reçu. C’est en ce sens que les sociétés de religion sont des sociétés de tradition, dans un sens bien plus fort que ce que nous mettons spontanément sous ce terme. ” (Marcel Gauchet, p. 94. C’est lui qui souligne). Or, ce à quoi nous assistons en Europe entre 1750 et 1780, c’est à la découverte de ce que la société se produit elle-même. Cette aspiration à l’autonomie, qui était déjà présente chez des auteurs aussi peu suspects d’athéisme que Hobbes ou Spinoza, se marque alors d’un renversement du discours que la société tient sur elle-même. Avec le thème du progrès, qui apparaît vers 1750, le temps social valorisé passe du passé au futur. Le mode de gouvernement légitime s’en trouve changé, avec l’aspiration à la démocratie civile-bourgeoise, d’essence représentative. La politique se sépare alors du religieux, non seulement sur le plan juridique (spéciale dédicace au petit père Combes) mais surtout dans l’ordre du discours : “ L’idéologie va être le discours de la société sur elle-même chargé tout à la fois d’expliquer son histoire, de justifier les choix appelés par son travail politique sur elle-même et de fournir une définition de l’avenir ” (p.96). Toute idéologie comprend donc nécessairement trois composantes : rationalité (qui explique le monde tel qu’il est), croyance (qui sert de principe de justification à l’ordre social existant) et eschatologie (qui dit ce qui doit advenir).

Si la religion est peu à peu dépossédée de son secteur d’intervention séculier, elle n’en disparaît pas pour autant, et ceci pour deux raisons : D’une part, les penseurs réactionnaires d’inspiration chrétienne rencontrent le projet porté par Comte ou Durkheim d’un ordre social harmonieux où la religion (ou une religion civile) serait porteuse de lien social, et en privilégiant l’appel au passé au détriment des racines proprement théologiques de la religion ils contribuent à rendre de plus en plus impensable la figure de l’hétéronomie ; D’autre part, la religion elle-même va se redéfinir comme système de croyance individuelle, comme opinion religieuse. En d’autre termes, la religion se transforme en une simple idéologie, une croyance parmi d’autres possibles. Comme le dit Gauchet en effet, “ là où il y a de l’idéologie, on a affaire à plusieurs idéologies en concurrence ” (p. 98).

  C’est cette conversion de la religion en idéologie qui fait dire à Marcel Gauchet que nous assistons à la “ fin de la religion ”. Cela ne signifie pas, bien au contraire, que les croyances religieuses disparaissent. On peut même regarder comme un fait marquant de ces trente dernières années l’extraordinaire fourmillement de pratiques spirituelles allant de pair avec l’érosion des religions constituées. Allant du simple bricolage à partir de traditions hétéroclites sur fond d’aromathérapie au développement des phénomènes sectaire et charismatique, ces évolutions sont décrites finement dans l’enquête européenne sur les valeurs, qui en est déjà à sa troisième édition (1981, 1990 et 1999). On se reportera avec profit à l’analyse de la partie française de la dernière enquête par Yves Lambert, directeur de recherche INRA-CNRS (Groupe de sociologie des religions et de la laïcité) : Yves Lambert, “ Religion : développement du hors piste et de la randonnée ”, in Pierre Bréchon [sous la direction de], Les valeurs des Français. Evolutions de 1980 à 2000, Paris, HER/Armand Colin, 2000, pp. 129-153. Voir notamment le tableau 1 p. 137 sq., d’où sont extraites les données suivantes :

Entre 1981 et 1999, l’appartenance au catholicisme chute de 25 % alors que les athées convaincus voient leur nombre augmenter de 38 %. Mais la progression de ces derniers n’est que de 16 % chez les 18-29 ans. Les jeunes sont même plus nombreux à considérer que “ l’Eglise apporte une solution aux problèmes moraux ” (+ 3 %, alors que la proportion chute de 22 % dans la population totale). Pour autant, cette sensibilité à la morale (qui se retrouve aussi dans l’attachement de plus en plus marqué aux cérémonies religieuses, que la génération du baby-boom avait un peu délaissées) est le fait d’une génération vivant massivement en dehors de la religion comme institution : seuls 5 % des 18-29 ans ont une pratique cultuelle au moins une fois par mois (en diminution de 53 % par rapport à 1981, alors que la baisse n’est que de 35 % pour l’ensemble de la population). La religiosité plus diffuse, moins encadrée, laisse alors ouverte la porte aux croyances populaires (autrefois subsumées sous le terme infamant de superstitions) : un tiers des français croît “ en une sorte d’esprit ou de force vitale ”, et la croyance à l’enfer ne s’est jamais aussi bien portée (+ 21 %, et même + 106 % chez les 18-29 ans !)

  Ce foisonnement des croyances religieuses reste en partie limité dans le contexte européen par la lutte contre les sectes (elles préfèrent l’appellation “ nouveaux mouvements religieux ”), qui s’est imposée comme un impératif aux pouvoirs publics pour protéger tant les personnes fragiles et influençables que l’ordre public. Au nom de la laïcité, l’Etat peut donc s’immiscer dans les affaires religieuses par des dispositions fiscales (les sectes ne disposeront pas des exonérations accordées aux associations cultuelles), ou même par des discriminations dans l’emploi (la République fédérale d’Allemagne interdit ainsi l’accès aux emplois publics aux scientologues).

Et c’est au titre de cette même laïcité que le Congrès des Etats-Unis nous met régulièrement au ban des Nations comme Etats ne respectant pas la liberté religieuse. Pour mieux comprendre le cadre conceptuel de la laïcité à l’américaine, où le président jure sur la Bible mais où le premier Amendement dispose que “ le Congrès ne doit pas établir de lois concernant l’établissement d’une religion ”, il faut signaler la parution le mois dernier d’un ouvrage analysant la jurisprudence de la Cour Suprême en matière de liberté religieuse : Laurent Mayali [sous la direction de], Le façonnage juridique du marché des religions aux Etats-Unis, Paris, Mille et une nuits, Coll. “ Les quarante piliers ”, 2002 (176 pages, 12 euros).

Si la “ Note marginale ” de Pierre Legendre ou les 3 premiers chapitres sont assez ardus, on doit pouvoir utiliser en classe des extraits de la contribution de John P. Dwier, doyen de la faculté de droit de l’Université de Californie à Berkeley, intitulée “ Les protections politiques et constitutionnelles des minorités religieuses ” (pp. 141-176).

Aux Etats-Unis, sous l’effet de facteurs religieux (l’influence du protestantisme, mettant l’accent sur le libre-examen) et de facteurs sociaux (entre autres, l’appartenance aux sectes protestantes comme facteur de bonne réputation dans le cadre du libéralisme naissant analysée par Max Weber dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme) le processus d’idéologisation de la religion a connu une extension considérable, à tel point que la jurisprudence considère les idées religieuses exactement comme des idées politiques, qui relèvent donc de la liberté d’expression et s’affrontent sur un vaste marché des idées.

L’utilisation d’arrêts de la Cour Suprême, ou plus exactement de leur commentaire succinct tel qu’on le trouve chez Dwier me semble intéressante pour l’ECJS, car contrairement à une conception courante chez les élèves (et certains ministres ?), le résultat compte tout autant que la manière d’y arriver. Plus que par la pratique du débat pour le débat, conception qui se pare des habits habermassiens pour masquer ce que Hannah Arendt appelle le renoncement à endosser la responsabilité du monde dans lequel nous vivons, je crois que nous aurons réussi notre mission d’éducateurs (instituteurs) si nous parvenons à donner à quelques-uns de nos élèves le goût du beau raisonnement, c’est-à-dire du raisonnement rigoureux et structuré (vaste ambition…)

Cinq arrêts peuvent recevoir l’attention :

- En vertu du premier amendement, l’Etat ne doit pas limiter la pratique religieuse. Ainsi, dans l’arrêt Church of the Lukumi Aye de 1993, la Cour Suprême a-t-elle censuré la municipalité de Hialeah, en Floride, qui avait tenté d’empêcher l’installation d’un religion en interdisant les sacrifices d’animaux à titre rituel. En effet, les autres formes d’abattage des animaux (abattoirs municipaux, chasse, campagnes d’élimination des nuisibles…) n’étaient pas touchés par cette réglementation, ni d’ailleurs les abattages rituels effectués par d’autres religions.

Mais ces interventions directes sur la liberté religieuse sont très rares. La plupart du temps, la Cour statue sur des réglementations gouvernementales qui n’ont qu’une influence indirecte sur les pratiques religieuses. C’est le cas pour les arrêts suivants :

- Le plus ancien est l’arrêt Reynolds v. United States de 1879, dans lequel la Cour a confirmé une loi fédérale interdisant la polygamie, qui était attaquée par les Mormons. Si la pensée religieuse est libre et ne saurait être réglementée, il en va autrement de l’action. En l’occurrence, l’Etat s’est vu reconnaître le droit d’interdire des pratiques allant à l’encontre des traditions sociales et troublant l’ordre public. Notons d’ailleurs que l’interdiction de la polygamie fut une des conditions posées pour l’adhésion de l’Utah, fondé par les Mormons, aux Etats-Unis. Si la polygamie subsiste encore de nos jours dans certains coins reculés de cet Etat, elle est passible de sanctions pénales et l’Eglise mormonne la désapprouve officiellement, ainsi que l’auront appris à l’envi les millions de spectateurs des J.O. d’hiver à Salt Lake City.

- En 1963, l’arrêt Sherber marque la fin de la recherche d’un critère absolu de liberté religieuse, pour une analyse au cas par cas. Cette affaire concernait une femme qui refusait de travailler le samedi pour des motifs religieux. Licenciée, on lui refusa le droit aux allocations-chômage, au motif qu’elle avait refusé un emploi adéquat sans “ cause valable ”. La Cour a conclu à une discrimination religieuse et rétabli le versement des indemnités de chômage. Mais le raisonnement s’est fait en deux temps : “ Premièrement, le demandeur doit prouver que la réglementation en question constitue une limite au libre exercice de la religion d’une manière à la fois notable et constitutionnelle. Deuxièmement, si le demandeur démontre la première condition, le défendeur devra se prévaloir de l’existence d’un intérêt primordial qui justifierait cette limite ” (Dwier, p. 153). Par exemple, si l’Etat avait pu prouver qu’un afflux de situations similaires aurait pu remettre en cause l’équilibre des comptes du régimes d’indemnités face au chômage, sa décision aurait été déclarée conforme à la Constitution.

- L’arrêt Lyng v. Northwest Indian Cemetery Protective Association, rendu en 1988, marque une nouvelle étape dans la mesure où l’exigence d’un intérêt primordial de l’Etat est fortement atténuée. Le service des parcs nationaux voulait construire une route à travers une forêt appartenant au domaine public, mais qui était utilisée depuis des générations comme lieu de prière et de recueillement par les Indiens de la région. Certes, il y avait bien une entrave flagrante et reconnue à leur liberté d’expression. Mais la Cour a considéré que dans une société pluraliste, connaissant une grande diversité de croyances religieuses, l’Etat risquait à de nombreuses occasions de se heurter à des revendications d’ordre religieux. Faute de pouvoir les satisfaire toutes, il fallait bien que l’Etat pût agir avec efficacité, et la route a été autorisée. Cette position a de plus permis à la Cour d’éviter d’avoir à se prononcer sur la plus ou moins grande validité des revendications religieuses : en l’occurrence, l’existence d’une tradition était dûment attestée, mais les “ nouveaux mouvements religieux ” peuvent rarement se prévaloir d’une tradition établie, et des revendications plus ou moins fantaisistes peuvent se faire jour dans un cadre de relative méconnaissance par les individus eux-mêmes des rites auxquels ils adhèrent. Ainsi, dans une autre affaire, un Indien refusait-il que ses enfants mineurs se voient attribuer un numéro de sécurité sociale, au motif que cela aurait entravé leur développement spirituel. La Cour n’a pas cherché à trancher ce point théologique, et lui a donné tort selon le critère d’action efficace.

- Enfin, dans l’arrêt Smith de 1990, la Cour a confirmé le licenciement d’employés d’une structure publique de soutien aux toxicomanes de l’Oregon, au motif qu’ils avaient ingéré du peyotl, substance prohibée, au cours d’une cérémonie religieuse de l’Eglise indienne d’Amérique. Toutefois, la nouveauté tient au fait que la Cour a incité l’Etat à modifier sa législation, en y incluant une exception pour l’usage du peyotl à des fins religieuses. A la suite de cet arrêt, l’Etat fédéral et vingt Etats ont introduit une telle exception.

  La jurisprudence américaine est hésitante et fragile. Il est possible que le prochain renouvellement des Justices (les juges à la Cour Suprême) entraîne des évolutions notables du cadre juridique en la matière. Mais la tendance actuelle est de se défausser du contrôle judiciaire de la liberté religieuse pour inciter les autorités politiques à la prendre en charge par des législations adéquates. Certes, les religions les moins institutionnalisées, ou les moins aptes au lobbying pourraient en souffrir et peiner à se faire entendre des politiques. Mais dans le discours que la société américaine tient sur elle-même, qui est largement différent du discours de la société française (même si la pratique réelle sur ce point n’est sans doute pas très différente), il est légitime que des groupes d’intérêt puissent se constituer et faire pression sur un législateur pour réclamer des exemptions. Le politique, parce qu’il fait la loi, et peut éventuellement la modifier, sera enclin à se monter plus compréhensif que le juge, qui ne fait que l’appliquer.

Frédéric Combelle  

Professeur de sciences économiques et sociales ,Lycée Maurice Genevoix – 45140 Ingré  

A paraître : une séquence pédagogique intitulée "La communication politique" 
dans le numéro 130 (décembre 2002, pp. 12-17) de la revue _Idees éditée par le CNDP.

---------------------------------------------------------------

Débat suite :

Cardinali portrait photo couleur noir.jpg (3153 octets)

>>>  la parole à Philippe Cardinali " l'intelligence de l'art et culture religieuse aujourd'hui"

Cliquer  pour avoir accès à l'article publié sur la page  Supplément :WEBGALLLERY

 

       

DEJA PARU  : L'invention de la ville Moderne,variations italiennes 1297-1580 aux Editions de la Différence ,coll.Essais( octobre 2002).Philippe Cardinali est professeur de Philosophie et d'Histoire de L'art à Marseille.                                   

 

<<<<  retour au sommaire 

 


QUESTIONS MEDIATIQUES :

Burgrave Nadia 1 couleur noir.jpg (25568 octets)

Le Narcissisme intellectuel .

 par Nadia Burgrave ( décembre 2002)


Après la fin des paysans qu'Henri Mendras regrettait dans un brillant essai qu'il écrivit  en 1995,assiste-t-on aujourd'hui particulièrement en France à la fin des "Intellectuels ou bien la vie intellectuelle au pays des Lumières est-elle  devenue si  crépusculaire qu'on la pense inexistante ? Est-ce une civilisation qui meurt au pays de Voltaire?J'en étais à m'interroger au début de ce mois d'octobre  sur la droitisation des esprits et j'avais décidé d'en faire le principal  sujet de ce nouveau numéro. Mais...

Mais j'en étais là dans ma réflexion quand surgit une polémique largement relayée par la presse mondaine du Figaro,à Esprit en passant par le Monde et France Culture  après la sortie du livre de Daniel Lindenberg.  qui agite  en surface  Les intellectuels les plus médiatiques . 

 Que dénonce Daniel Lindenberg et avant lui T.Maschino  dans le Monde Diplomatique ( oct2002)avec  ces nouveaux " Réactionnaires "? Libération en donne les principaux arguments : " les cibles de ces «nouveaux réactionnaires»: la culture de masse, la liberté des moeurs, les intellectuels, mai 1968, le «droit-de- l'hommisme», la société «métissée», l'islam, l'égalité.L'étiquette de «nouveaux réactionnaires» qui la recouvre est bien trop floue et sans rigueur pour former un concept ; mais elle fixe une intuition qui n'est pas fausse : l'air du temps prêche un retour à des valeurs anciennes, largement fantasmées, et des intellectuels de plus en plus nombreux sont là pour l'exprimer d'une façon ou d'une autre.On y trouve les écrivains Michel Houellebecq, Maurice Dantec, Philippe Muray, Renaud Camus, les philosophes Marcel Gauchet, Pierre Manent, Jacques Bouveresse, Christopher Lasch, Alain Badiou, Alain Renaut, le «passeur» philosophique Alain Finkielkraut, le ministre-penseur et autosatisfait Luc Ferry, les sociologues Paul Yonnet, Pierre-André Taguieff, François Richard et Alain Besançon, le linguiste Jean-Claude Milner...
La plupart seraient réactionnaires comme le fut, sous la Restauration, un Joseph de Maistre : en opposant au règne réputé marchand et dissolu de l'individu le fantôme collectif et trop ordonné d'une «République» mythique, ils voudraient restaurer un avant-68, de même que de Maistre, redoutant avant tout la liberté de l'individu, souhaitait rétablir l'ordre selon certaines valeurs idéalisées d'Ancien Régime...(fin de citation)

 la polémique  s'étend  depuis la réponse enflammée  d' Alain Finkielkraut  dans Répliques et les colonnes du Figaro qui lui sont largement  ouvertes en affirmant que la catégorie de réactionnaire est fictive (sic),puis Taguieff,Manent,Gauchet  à  leur tour en une riposte organisée,le 30 Novembre dans
L'Express

Mais qu'est-ce que les intellectuels ?Ont-ils autant de pouvoir qu'ils le prétendent ? Ou bien ne sont-ils que des instruments? A-t-on à faire à un "narcissisme de caste " comme l'affirme D.Bensaid dans le Figaro ( nov 2002) ? Autant de questions pour le moment irrésolues.

Ainsi,il apparaît que  le concept d'intellectuels reste difficile à cerner autant que l'idée de vie intellectuelle du reste.Une sélection modeste de liens électroniques et de livres    montre ,cependant, que le sujet est intarissable,une mine d'or depuis les travaux de P.Ory et JF.Sirenelli qui furent les premiers à en créer un objet d'étude  spécifique abusivement labellisé "culturel",et c'est pourquoi ce texte commençait ironiquement par la perte d'une civilisation comme celle  des paysans. Ory et Sirelli ont fait plus en  effaçant d'un coup tout l'héritage gramscien  dont la réflexion fut ,sans aucun doute la plus accomplie sur cette définition (cf référence supra) .Cette liste,est ensuite égrénée de  quelques rappels bibliographiques .

Conclusion empruntée à  Noam Chomski que j'aie fait mienne pour la circonstance: " les Intellectuels ont un problème,ils doivent justifier leur existence !".Si l'on en juge par la quantité de travaux et de textes sur les "Intellectuels " l'on ne peut que constater que leur conduite se complaît dans l'admiration de soi....Loin des préoccupations de l'ensemble ? Vous avez dit?

Bon courage! Nadia Burgrave.(c) Expressions Libres.

>>>>Liste des liens web et recension de livres:

- Les Intellectuels & la Société,article de F.Chatelet,Arfe-Cursus.

- Fabrice Ribet dans " Catallaxia "

-JDufresnes pour l'Encyclopédie de l'Agora 

- Article "Ou sont les intellectuels ?",revue Mots Pluriels

- Les Intellectuels à la page ,entretien avec M.Winock, Regards,décembre 96.

-ces débats médiatiquement corrects, Serge Halimi,Monde Diplomatique,Mars 1999.

-Dossier complet ,Monde Diplomatique,

-Christian Authier, Intellos & grand capital,

Jean Claude Milner ,Existe-t-il une vie intellectuelle en France ?,Verdier,2002.

Emission Réplique, France Culture, 2 Novembre 2002:Débat animé par A.Finkielkraut avec Marcel Gauchet et JC Milner.Thème : La vie intellectuelle en France.

Maurice T.Maschino, Intellectuels médiatiques,les nouveaux réactionnaires,article du Monde Diplomatique, Octobre 2002.

Daniel Lindenberg, le rappel à l'ordre?Enquête sur les nouveaux réactionnaires,, Seuil,République des Idées,2002.

ORY pascal, SIRINELLI J.-Francois, Les intellectuels en France de l'affaire Dreyfus à nos jours
3eme edition mise a jour
Armand Colin, U, 282 p.

WINOCK Michel, Les voix de la liberte. Les ecrivains engages au XIXe siecle
Seuil, Points, 828 p., 9,95 euros
Alain Finkielkraut, Contre Lindenberg ,Le Figaro, 14 Novembre 2002.

Emmanuel Fournier,Les Intellectuels au XX è siècle, Sciences Humaines, n°128,Juin 2002.
 J.Birbaum et N.Weill,   Les Nouveaux Réactionnaires: Enquête sur le paysage intellectuel,Le Monde,pp 30-31,22 Novembre 2002.

Éric Conan, La fin des intellectuels français, L'Express, 30 novembre 2000
Régis Debray, The Terminal Intellectual, New Perspectives Quarterly, vol. 18, no 2, printemps 2001
Gramsci Antonio, Cahiers de Prisons,Edités aux  Editions sociales, 1977.(texte numérisé à venir sur
Webphilosophie )

<<<<  retour au sommaire 

 


QUESTIONS INTERNATIONALES  EN KIOSQUE:

Dossier Proche-Orient:http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/plan

Dossier Irak :http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/irak/


Le dessous des cartes propose les cartes-clés de l’émission hebdomadaire, des livres et des manifestations culturelles, des liens vers d’autres sites. Le dessous des cartes est écrit et élaboré par le LEPAC, mis en cartes par des réalisateurs et des graphistes. Le magazine est diffusé chaque semaine sur la chaîne ARTE et d’autres réseaux et supports. C’est ici un carrefour d’échanges.
Le dessous des cartes propose un archivage complet des émissions animés par JC Victor

Présentation vidéo de l'émission.

Evidemment, ce ne sont que des outils et non des Evangiles.

<<<<  retour au sommaire 


SUPPLEMENTS PERMANENTS DE LA REVUE:

<<<<  retour au sommaire 

 


 ARCHIVES DE LA REVUE:

<<<<  retour au sommaire 


 

Citation de la Revue :

Whoever controls the image and informations of the past determines what and how future generation will think; Whoever controls the information and the images of the present determines how those same people will view the past...(George Orwell 1984 )

<<<<  retour au sommaire 


A Bientôoooot ,OUpssssssssssssssssss!!!!                                       

 

Copyright ( c) Expressions-libres / Revue Bimestrielle & suppléments.Nadia Burgrave